- BILL (M.)
- BILL (M.)BILL MAX (1908-1994)Élève célèbre et fidèle continuateur de l’esprit du Bauhaus, Max Bill, malgré la diversité de ses activités (il est à la fois sculpteur, peintre, architecte, designer , théoricien, professeur et homme politique), propose un univers de formes pures et géométriques, fondé sur des conceptions mathématiques et rationnelles (propos qu’analyse bien l’important ouvrage de Valentina Anker, Max Bill ou la Recherche d’un art logique , 1979), dont une des qualités essentielles est incontestablement son unité fondamentale. Après des études à l’École des arts appliqués de Zurich, il décide, à la suite d’une conférence de Le Corbusier, de faire des études d’architecture et entre au Bauhaus de Dessau, où il est l’élève d’Albers, de Kandinsky, de Klee, de Moholy-Nagy et de Schlemmer.En 1929, il s’installe à Zurich et, contraint au chômage en tant qu’architecte, il cherche des débouchés, s’occupant de graphisme publicitaire et de dessin industriel, de peinture et de sculpture. «C’est là qu’est née la variété de mes intérêts», dira-t-il plus tard, et, même après la guerre, il refusera de se consacrer uniquement à l’architecture, menant de front, avec la rigueur d’un esprit très organisé, un grand nombre d’activités, dont chacune a une fonction propre et déterminée dans l’ensemble de son œuvre. En 1932, il adhère au groupe parisien Abstraction-Création fondé en 1931 par Auguste Herbin et G. Vantongerloo. En 1936, lors de l’exposition Problèmes actuels de la peinture et de la sculpture suisses au Kunsthaus de Zurich, Max Bill formule dans l’introduction au catalogue les principes de l’«art concret», à partir des exemples de Théo van Doesburg et de Arp qu’il reprendra à plusieurs reprises au cours de sa carrière, et qui deviendront le fondement de toute son œuvre. Créées sans prendre appui sur la nature sensible ou ses transformations, «les œuvres concrètes» de Max Bill se développent en dehors de toute intervention d’un processus quelconque d’abstraction. Ce sont des compositions plastiques faites de couleurs, de lumière, d’éléments spatiaux et de mouvement. «En donnant forme à ces éléments, écrit l’artiste, on crée des réalités nouvelles qui n’existaient auparavant que dans l’esprit et qui sont rendues visibles sous forme concrète»; et il ajoute: «L’art concret est pure expression de mesures et de lois harmonieuses.» En 1937, il participe à la fondation du groupe Allianz en Suisse.Peintre, Max Bill élabore de véritables exercices de style où se lit le parti pris d’assurer le contrôle de toutes les phases du processus créateur à partir de calculs rigoureux. Utilisant la forme géométrique la plus pure, le carré, l’artiste le répartit en larges échiquiers, que l’œil lit par quatre, seize ou davantage, et utilise la couleur dans les tons élémentaires qui permettent les jeux infinis des variations et des contrastes (Champ en trente-deux parts et en quatre couleurs , 1965, Albright Knox Art Gallery, Buffalo; Nucleus blancs stabilisés , 1964-1971, musée des Beaux-Arts, Zurich; Synthèse de groupes de couleurs claires et sombres , 1975-1976).Sculpteur, c’est également autour de quelques thèmes très simples, qu’il reprend sans cesse, que l’artiste articule ses œuvres, dont la constante principale demeure le problème du mouvement continu et son rapport avec l’espace qui l’entoure. Ainsi ce Ruban sans fin (un exemplaire daté de 1960 se trouve au musée national d’Art moderne de Paris), dont il a commencé les recherches en 1935 et qui a atteint son expression définitive quelque vingt ans plus tard. Surface sans fin à laquelle une torsion confère la propriété de se développer dans l’espace à trois dimensions, elle est pour le sculpteur prétexte à affronter, dans tous les matériaux possibles (Surface engendrée par une spirale , laiton doré, 1974), toutes les apparences où le mesurable débouche aussi sur le mystère, et où l’œuvre sculptée, échappant au contrôle mathématique qui a présidé à son élaboration, ouvre sur le sentiment de l’infini.Théoricien, Max Bill a concrétisé ses recherches et son enseignement dans de nombreux écrits, dont certains ont eu une influence considérable. Parmi les plus importants, il convient de citer, outre le texte sur l’«art concret» qu’il reprend en 1960, La Pensée mathématique dans l’art de notre temps , publié en 1949, Forme, fonction, beauté , publié en 1953, qui consiste en une interrogation de fond sur les problèmes de la mise en forme, et enfin La Structure comme art, l’art comme structure , publié en 1965, où l’artiste perçoit un rapport de causalité entre structure et art concret.Architecte, enfin, Max Bill a dessiné en particulier les plans des bâtiments de la Hochschule für Gestaltung à Ulm, dont il fut le cofondateur et où il a repris les méthodes pédagogiques du Bauhaus de 1951 à 1957. Dans ce domaine, comme dans l’ensemble de sa prodigieuse production, il est certainement l’artiste qui a le mieux transmis le message de la célèbre institution, tendant de toute sa personnalité et de toute son œuvre à contribuer à la création d’un environnement, et, par là même, à modifier le monde ambiant.
Encyclopédie Universelle. 2012.